Faux artistes et vrais streams, et inversement.

25 mars 2024 à 12h31 par Christophe HUBERT

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Crédit : @Austin Neill / unsplash

Faux artistes et vrais streams, ou l’inverse.


Dès qu’il y a business juteux, il y a fraude ou arnaque. Jusque-là, du grand classique ! Et en toute logique, les plateformes de streaming musical subissent les petits malfrats et grosses usines à clics. L’an dernier, c’était le chiffre des faux clics qui était mis en avant – de 1 à 3 milliards de faux streams à l’échelle mondiale.


Puis l’inquiétude s’est portée sur les titres musicaux générés par l’IA, investissant en masse Spotify, Deezer et consorts, les poussant à un grand nettoyage et à développer des parades numériques. En 2024, le gros souci, ce sont les bruits blancs et les arnaques aux droits d’auteur.


Concernant ces derniers, des journalistes suédois ont mené l’enquête pour le quotidien Dagens Nyheter. Et la découverte est de taille, ils ont mis la main sur une liste de 830 faux artistes affiliés à un seul label indépendant - Firefly Entertainment. Mieux encore, ils ont trouvé ce compositeur, Johan Röhr, inconnu au bataillon, mais visiblement plus prolifique que Diplo et Purple Disco Machine réunis, puisque sa musique est diffusée sur Spotify, via 656 artistes fictifs ! En tout, ce « hitmaker » aurait « produit », plus de 2700 titres, se soldant par 15 milliards de streams. Ce qui fait de lui le second artiste suédois le plus joué dans le monde… après Avicii et devant Abba !


Les faux artistes, ils sont là, reste à savoir si Johan Röhr a vraiment produit ces titres en sous-marin, cachant cela sous des faux noms pour multiplier les écoutes et les revenus, s'inviter dans toutes les playlists, ou s’ils sont, eux aussi, faux, générés par intelligence artificielle.


En attendant, son cas, celui de son label, illustre les difficultés auxquelles font face les plateformes. Pour Spotify, difficile d’assurer une traçabilité des 120.000 chansons postées chaque jour. Or, l’abondance finit par se faire au détriment d’un grand nombre d’artistes et de labels, le gâteau des abonnements n’étant pas extensible à l’infini.


D’ailleurs, si tout cela ne suffisait pas à énerver tout vrai producteur, sachez que Johan Röhr figure dans le top 100 des artistes les plus écoutés de l’histoire de Spotify, son business lui a permis d’ores et déjà de gagner 6,7 millions d’euros de droits d’auteur, depuis 2020.