Fred Again a-t-il (encore) droit à l’erreur ?

14 août 2023 à 12h11 par Christophe HUBERT

Fred Again

Crédit : @presskit

Fred Again a-t-il droit à l’erreur ?


Nouvel héros d’une scène électro qui voit en lui, la relève d’une scène ouverte aux autres, généreuse, simple et pour dire vite, anti-system, Fred Again a sorti vendredi dernier son dernier single « Adore U ».


Difficile de trouver à redire. Ce titre vient cocher les cases de la discographie de l’artiste anglais, valider les éléments qui font aujourd’hui son succès mondial : la simplicité, le partage, les voix toujours si singulières, en l’occurrence celle de l’artiste nigérian Obongjayar. La personnalité de Fred Again, en concert, fera le reste.


 



 


Petit oiseau parti très tôt, le Londonien ne cesse d’enchaîner ce qu’on appelait il y a longtemps, vers 2022, les masterclass : une Boiler Room dantesque qui l’a popularisé il y a un an, à peine. Puis un nouvel album, toujours sur l’idée d’un journal intime – humaniste et innovant – puis enfin, un autre album ambient « Secret Life » signé avec le maitre du genre Brian Eno et qui, rappelons-le, DOIT être écouté !


Suivons le fil historique, Fred Again marqua l’actualité avec un concert évènement, toujours avec ses acolytes Skrillex et Four Tet, à Times Square, au Madison Square Garden de New York puis Coachella, ou en solo tout dernièrement, c’était pour le festival anglais Glastonbury.


Rapide résumé pour vous dire que les faits et gestes de Fred Again sont désormais scrutés et que l’artiste, qu’il le veuille ou non, habillé en star mondiale, doit continuellement innover, surprendre, au risque de navrer un public certes bienveillant mais qui reste un public dance/électro, c’est-à-dire un peu chiant !


D’où la question, Fred Again a-t-il droit à l’erreur ? On entend les fans de la première heure critiquer le choix de certains festivals, de certaines collaborations, reprocher – crime absolu pour les tenants de l’underground – la création d’une ligne de vêtements, ou encore le prix "exorbitant" des concerts prévus au Zénith de Paris, les 20 et 21 septembre prochain : à partir de 44 euros ! Un rapide comparatif avec les concerts de Beyonce ou Miley Cyrus devrait mettre tout le monde d’accord, mais bon…


Bref, à son niveau, Fred Again a beaucoup de coups à prendre. Revers de la médaille, rançon du succès comme tant d’autres avant lui. Le droit à l’erreur ? A la marge, calculé, limité. La force de Fred Again était sa simplicité et sa spontanéité. A le consommer comme un artiste lambda, on risque de cramer en lui ce qu’on portait aux nues.


La question n’est donc pas : Fred Again a-t-il le droit à l’erreur mais, incarne-t-il toujours cette proposition électro qui pense différemment : un « nous » qui contredit le « eux et nous », les stars vs le public. L’appel aux anonymes et aux amis et non pas uniquement aux voix à la mode. La création d’un son, beau non pas parce qu’il est marketé mais parce qu’il est sincère, touchant. Fred Again tient pour le moment sur ces fondamentaux. Pour combien de temps ? Sera-t-on bienveillants ?


Réponse à la rentrée.