Que penser de l’album de Justice ?
29 avril 2024 à 15h23 par Christophe HUBERT
Justice
Crédit : Justice
Que penser de l’album de Justice ?
Vous êtes avides de nouveautés, n’est-ce pas ? Gourmands de nouvelles sonorités, de surprises ? A chaque release, une claque, à chaque nouvel entrant, une gifle. Dressons le constat : vous êtes masochistes.
Mais vous pensez aussi que la continuité a du bon. Que la maitrise est un don. Que l’expertise est le contraire de l’incompétence. Alors, vous allez baisser garde à l’écoute du nouvel album du duo Justice, baptisé « Hyperdrama » ! On pourrait écrire longuement sur les titres déjà sortis « One Night/All Night », « Generator » ou « Saturnine »… en fait, on l’a déjà fait ! Mais l’album est bien mieux qu’une série de titres.
On finit surpris, ébahis par la justesse de cet album qui offre un équilibre entre innovation et continuité, y compris dans le titre « Incognito » - comme s’il fallait présenter à nouveau Justice ou comme s’ils pouvaient passer « incognito ». Justesse ? Non, retrouvailles. On a aimé Justice, on retrouve Justice. Justes et parfaits.
Maitrise électronique, paresse narrative, il y a un peu de ça dans ce nouvel album. Rien de repoussant car il y a de la noblesse dans la paresse. Musicalement, on appelle cela autrement d'ailleurs, on dit ADN, signature. Une certitude qui confine à l’habitude. Chez Justice, ce n’est pas totalement vrai. Si c’était un album de routine, on l’entendrait mais « Mannequin Love » a ce, je ne sais quoi, de différent. Un souvenir, une nostalgie, doublés d’une conscience du temps présent. Un point de suture qui nous rassure car le duo continue de chercher, d'innover.
Mais pour vraiment cicatriser de l’absence de Justice, il faut attendre le break de « Moonlight Rendez-Vous », invitation nocturne pour tourments éveillés. Une bande son habitée comme chez Godard ou De Broca, nous laissant seuls en ville à fuir nos démons. Jusqu’à la découverte d’« Explorer », spasme électro, trituration des sons, qui nous amènent dans un voyage 100% Justicien. Rien ne ressemble plus à Justice en ce moment, pense-t-on à l’écoute du titre. Explorer pour partir loin, alors qu’on ne fait que voyager là, dans les antres du duo, en dissection cannibale. « Muscle Memory » n’est rien d’autre qu’une confirmation musclée et l’une des magies stéroïdées de l’album. Un track absolument génial, car ce qui parait simple est en réalité quasi inaccessible, et qui nous amène tranquillement jusqu’à la fin avec le très bon « The End » - un track tout en un, vitrine du savoir faire de Justice.
Le nouvel album de Justice n’est pas une réédition ni une révolution car il échappe aux codes du moment. Il est Justicien. Il est fidèle au dogme, à la religion. Et comme toutes religions, il se réfère à des principes. A l’instant… j’oublie de les lister. A vous de prendre le relais. Justice est le reflet de quelles sonorités d’après vous, de quelle sincérité et surtout, de quelles émotions ressenties à l’écoute de l’album ?
Nulle religion sans prophètes. Mais nulle religion sans adeptes. Justice n’est rien sans le public et la foule immense qui se dresse face à lui, en concert. Il sera donc crucifié pour « Hyperdrama », car cet album ouvre la voie. Une fois encore.