Justice, de leur plein droit.
25 mars 2024 à 12h52 par Christophe HUBERT
Justice, de leur plein droit.
Vous aurez beau dire « non, pas cette fois », on sera cohortes à dire « Cette fois encore, oui, on sera là » !
Les modes passent et les artistes changent. Et je comprends parfaitement qu’entre deux albums, on se lasse, on oublie, on passe à autre chose. Mais là, c’est le duo Justice ! Pas le dernier péquin arrivé, pas l’artiste qu’on nous commande d’aimer parce qu’il arrive avec le bon son.
Justice, ce n’est pas un son d’abord. C’est LEUR son. Ils ont innové, comme les Daft Punk en leur temps. Justice s’est suffisamment fait attendre pour qu’on ne les soupçonne pas de se positionner par rapport aux trends, aux goûts du temps présent.
Justice, ça se mérite. Et je le dis si facilement que je n’étais pas forcément client, avant « DVNO » ou « Stress ». Là, la bascule. Alors quand arrive « One Night/All Night » puis « Generator » et enfin « Saturnine », difficile de ressentir autre chose qu’un puissant ouf de soulagement.
Justice, tels qu’en eux-mêmes. Pas seulement efficaces – encore que ce soit un don. Pas seulement aux titres traçant un sillon – encore que ce soit une prouesse quand on voit le torrent servi par ceux qui jugent bon de sampler n’importe quel hit dance des années 90 !
Justice, tels qu’on les avait laissés. Innovant. Surprenant. Fatigant de facilité… on aimerait leur trouver une faiblesse, après tout, personne n’est parfait ! Mais non. Justice au sommet du mont Olympe, toisant les autres et se disant… « qu’est-ce qu’on fout là ? », car on oublie que le duo doute, tâtonne, hésite, s’excuse presque.
Justice soit rendue à Justice car les premiers titres du nouvel album – qui commencent à former un tout –, ne font pas que renouer avec leurs anciens morceaux. Pas une nostalgie du « c’était mieux avant », mais celle du « profitons… maintenant ! ». Justice nous projette dans une histoire où tout n’est que recommencement, tout n'est que fêtes ou plutôt grand-messes, communions, si on se réfère à leur croix.
Je déteste cette partie de moi qui veut de la nouveauté pour la nouveauté. Justice revient en Justice. En revendiquant ce qu’ils savent faire de mieux. Je ne suis pas sûr qu’ils visaient un renouveau d’ailleurs, si c’est le cas, je suis passé outre. Moi je pense qu’ils ont livré une version tranquille et modernisée de leur musique. Attention, entre « Alakazam ! » de leur album « Woman » et aujourd’hui, il y a un espace-temps énorme, et croire que c’est chose facile de revenir, c’est croire au dernier remix big room de Kool & The Gang !
Non, Justice n’est pas juste un duo de génie. C’est un duo serein et précurseur, il propage une force tranquille, une foi électronique et on abdique devant cette permanence. Justice me rassure parce qu’ils sont bons. Parce qu’ils sont vrais. Parce qu’ils sont là.
Pas pour hurler à la nouveauté, mais pour crier Justice.