Le pari risqué de Thylacine

Le pari risqué de Thylacine

Depuis le début de sa carrière, Thylacine nous a montré qu’il était un producteur de grands espaces. Après tout, le français a créé un album en samplant les sons du Transsibérien, un autre – « Roads. Vol.1 » en captant la nature sauvage de la pampa argentine ! Bref, il avait besoin de partir loin pour créer sa musique.

Avec son nouvel album qui vient de sortir, Thylacine s’est payé le grand luxe. D’abord en voyageant non plus dans l’espace mais dans le temps, à la reconquête, à la revisite de grandes œuvres de la musique classique, dans le sillage de son album "Timeless" sorti en 2020.

Ensuite en s’entourant, pour enregistrer l’album, d’un orchestre symphonique. Car oui, on parle ici d’un mariage, d’un équilibre entre musiques électroniques et musique classique.

Le résultat c’est donc « Thylacine & 74 Musicians », album qui finira de convaincre les derniers réticents, celles et ceux qui pensent que ces musiques sont bien trop opposées, antagonistes. Des artistes comme Worakls ont déjà montré que c’est faux, Thylacine enfonce le clou.

Pourtant, sur le papier, le défi était immense. Revisiter Mozart ou Verdi et leurs œuvres majeures, c’est en musique, l’équivalent de lécher une prise électrique. On s’en remet à la chance – en l’occurrence au talent – pour échapper à la décharge !

On ne sait pas si les puristes de la musique classique – scène réputée peu ouverte aux changements – vont envoyer du 220 volts à Thylacine mais nous, il nous a convaincu; comme il l'avait fait sur Timeless. Quel plaisir de le voir reprendre Mozart, de le voir faire de Vivaldi presque un son club, avec l’énergie qu’il faut. L’une et l’autre s’unissent, se décuplent, la musique classique donnant à l’électro de Thylacine une caisse de résonnance, lui permettant de remplir tout l’espace, de saturer la pièce. Mieux encore, les morceaux de l’album vont souvent au-delà d’une simple revisite, il se réapproprie les classiques pour créer autre chose, de l’inédit.

Désormais, c’est un autre exercice qui attend le français : défendre ce pari osé sur scène, bien sûr accompagné de musiciens. Ce sera le cas près de Paris, à la Seine Musicale, à la faveur de deux concerts les 6 et 7 mars prochains. Ce sera aussi le cas au Théâtre antique de Vienne, en juin prochain, temple de la musique classique. On verra alors si les puristes balancent leur décharge électrique dans le but d'achever le producteur ou si c’est Thylacine qui parvient à électriser le public.