Les rescapés de l’EDM

23 mai 2023 à 13h37 par Christophe HUBERT

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Crédit : @pexels

Les rescapés de l’EDM


Ils sont une légion, une masse drainant derrière eux, et depuis près de deux décennies, des centaines de milliers de fans. Eux, ce sont les DJs EDM. Rois et reines des festivals, des grands-messes électro, expert(e)s en maniement de montées, de drops et de kicks, ces artistes ont largement contribué à populariser les musiques électroniques, autant qu’ils ont eu un effet délétère sur leur standardisation. Sans même parler des goûts de chacun et de la critique que les Zedd, Afrojack, sœurs Nervo, The Chainsmokers, Steve Aoki, Tiësto, Hardwell ou Martin Garrix, essuient depuis des années. Soyons francs, à FG, on ne déborde pas de passion pour l’EDM mais alors que ce genre est sur la pente descendante, certains artistes quittent le navire… avec plus ou moins de sincérité et de talents !


Ces rescapés de l’EDM s’appellent par exemple Skrillex qui a pris une grosse pause avant de revenir en force, doté d’un nouveau son et d’une nouvelle approche. En résulte 2 albums : « Quest For Fire » sur lequel on retrouve le titre fort "Rumble" et "Ratata " produit avec Missy Elliott et Mr Oizo et « Don’t Get Too Close » révélé lors de son concert au Madison Square Garden. Chaque fois, Skrillex prend le contrepied de ce qu’il faisait, chaque fois, il le fait sans pour autant abdiquer de sa passion pour les sonorités breakées et dubstep. Et que dire du « Baby Again », excellent morceau dont on ne se lasse pas, produit avec Fred Again et Four Tet !



Les rescapés s’appellent aussi David Guetta. Non pas que le DJ ait besoin d’être secouru, ni même qu’il ait abandonné l’EDM dont il reste un symbole, mais la tête d’affiche des festivals du monde entier a très tôt senti qu’il fallait s’armer d’une variété de sons pour ne pas voir sa carrière voler au gré du vent. Il y a donc eu Jack Back, l’alias qui maintient le fil avec la scène house dont David Guetta est originaire. Puis, l’alliance avec Morten sur le projet Future Rave qui, bien que big room, s’éloigne quand même des classiques EDM. D’ailleurs, souvent les artistes de cette scène ne renversent pas la table et conservent, dans leurs projets divers, l’ADN d’une musique avant tout faite pour électriser les masses. On ne mentira pas en disant que David Guetta s'est acheté une nouvelle virginité, surtout auprès de l'underground (mais après tout, est-ce l'essentiel), reste que sa volonté de proposer d'autres sonorités, de valoriser ses propres passions, est en soi plutôt acte de sincérité.


 



 


Lui aussi se renouvelle, mais il l’a fait sa vie durant, Tiësto. Le maitre de la trance, devenu champion de l’EDM est en passe d’ouvrir une nouvelle page, grâce à son récent album « Drive ». Dans des morceaux comme « Lay Low », le néerlandais montre un nouveau visage, beaucoup moins brut, qui laisse penser que l’artiste a des envies d’autres choses. Affaire à suivre et prudence car Tiësto a souvent produit une variété de sons, parfois différents de ce qu’ils bastonnent en festivals.



 


3 DJs, 3 stars, évidemment cela se discute. Vous aurez vos propres noms, votre propre opinion, ce qui importe ce sont les évolutions que l’on constate dans les musiques électroniques.


Longtemps, l’EDM a été moquée pour la « facilité » des productions, pour le choix de tabasser plutôt que d’apporter une singularité artistique, par le star system qu’il induit autour des DJs. Changer, entrer dans l’ère post-EDM n’est donc pas qu’une affaire de sons, c’est aussi une question d’attitude. Et là aussi, on observe chez les DJS, des projets plus humains, plus humbles et c’est aussi un signe de mutation. Mais on observe également, une envolée toujours plus forte des cachets des artistes. Parfois de ceux-là mêmes qui dénonçaient l'EDM marchande et qui se bouchaient le nez devant l'affiche du festival Ultra Miami et d'un line up à plusieurs millions de dollars. La sincérité n'a pas de camp.


Quant à savoir si l’avenir post EDM appartiendra… à l’EDM, c’est le pari (risqué) que prennent nos confrères du magazine Trax pour qui, l’EDM pourrait (re)devenir cool, c’est à lire ici.