Streaming : y’a-t-il trop de musique ?
18 janvier 2024 à 12h57 par Christophe HUBERT
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Streaming : y’a-t-il trop de musique ?
Êtes-vous un gros consommateur, une grosse consommatrice de musique sur les plateformes de streaming ? Si oui, sachez que vous n’auriez pas assez de votre vie entière pour éponger le catalogue de Spotify ou d’Apple Music !
Et même en vivant plus que centenaire, car d’après l’étude américaine et annuelle de Luminate sur le marché musical, ce sont 120.000 nouveaux titres qui sont ajoutés, quotidiennement, sur les plateformes de streaming. Quotidiennement !
Un flot musical sans fin donc et on peut se réjouir d’avoir ces plateformes qui offrent, en apparence, un débouché pour tout artiste musical de la planète, faisant péter le plafond de verre qui existait jusqu’alors. Mais le déluge quotidien de musique n’est peut-être pas une si bonne nouvelle. Luminate nous dit en effet que 152 millions de titres ont été écoutés moins de 1 000 fois (sur 184 millions au total) et 45 millions n’ont eu aucun clic en 2023 (c’est près d’un quart du total).
Et à moins d’avoir l’apriori – faux – que ce sont les mauvais titres/artistes qui ne sont pas écoutés (il doit bien y avoir des pépites dans ces millions de morceaux), on en conclue donc que l’abondance de musique nuit aux artistes eux-mêmes, que le trop plein se fait au détriment de la visibilité des œuvres.Ce qui ne manquera pas de relancer le débat sur la rémunération des artistes et la bataille qui oppose le « data centric », le « user centric » et l’« artist centric », autant de mots pour parler de différents modèles.
Universal et Deezer récemment se sont accordés pour adopter l’‘Artist Centric’ qui booste la rémunération des artistes qui reçoivent au moins 1 000 écoutes mensuelles de la part d’au moins 500 auditeurs uniques. Autrement dit, une prime aux artistes populaires qui laissent bien d’autres artistes sur le banc de touche.La plateforme Spotify a revu ses règles elle aussi. Désormais, il faut récolter au moins 1.000 écoutes sur un an, pour commencer à toucher un (faiblard) droit d’auteur.
Aucun système ne fait l’unanimité, aucun n’est parfait, car que vous rémunériez les artistes au clic, en répartissant l’argent des abonnés selon leurs écoutes ou que vous cherchiez à soutenir les artistes indépendants, les règles finissent par faire des gagnants et des perdants. Chose certaine : l’amoncellement de musique que l’on constate, ne la rend pas forcément accessible, ni rentable.
Retrouvez ici l'étude de Luminate sur l'année musicale 2023 (en anglais)
Notez par ailleurs que l’étude de l’institut Luminate vient constater une année brillante pour la musique aux Etats-Unis. Ce secteur culturel a en effet connu une croissance à deux chiffres en 2023, le streaming a explosé (4 milliards de streams enregistrés !) et les ventes physiques ont rebondi, notamment dans le sillage du succès énorme de Taylor Swift.