Taxer le streaming : bonne ou mauvaise idée ?

Publié : 24 avril 2023 à 13h03 par Christophe HUBERT

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Crédit : @cottonbro studio

Taxer le streaming : bonne ou mauvaise idée ?


Sur le papier, l’idée a tout pour plaire : instaurer une taxe minuscule d’1,75% sur les plateformes de streaming pour financer le Centre National de la Musique (et ainsi soutenir les acteurs de la musique, les artistes, qui en ont besoin).


Tout pour plaire. Sauf qu’elle semble diviser toute la filière musicale ! Remontons le fil. Depuis plusieurs mois, des députés, sénateurs réfléchissent à mieux financer le CNM. Un rapport du  sénateur Julien Bargeton vient d’ailleurs d’être remis à la Ministre de la Culture, qui recommande de taxer le streaming. Pas par plaisir mais pour tenter d’appliquer à la musique, l’exception culturelle créée pour le cinéma et qui a tant fonctionné pour soutenir la production tricolore. Pour rappel, les plateformes type Netflix et Disney + s’acquittent d’une taxe.


Car il en va de la scène française face aux mastodontes américains. Et lorsqu’on parle de scène française, il n’est pas question que d’Angele, d’Ofenbach ou de Big Flo & Oli, il s’agit d’une myriade d’artistes – chanteur(se)s, musicien(ne)s – de labels, et de lieux de diffusion de la musique, qu’il faut soutenir, aider à prospérer voire à s’exporter.


Et pour cela, il faut de l’argent, beaucoup d’argent. En tout cas, plus que le budget initial du Centre National de la Musique, 50 millions d’euros par an. La crise Covid l’a porté à 190 millions. Vous comprenez dès lors, pourquoi surgit l’idée d’une taxe – 1,75% - pour celles qui aujourd’hui concentrent les revenus de la création musicale : les plateformes de streaming.


De la sorte, et pour aller vite, les gros aideraient à financer les petits, les nouveaux talents, les labels indépendants, bref, aider la vitalité de la scène musicale française. Mais les gros n’ont pas forcément envie de mettre la main à la poche. Ainsi, le SNEP (syndicat national de l’édition phonographique et qui rassemble les principales majors de la musique) est vent debout contre la musique, les Spotify, Deezer, Apple Music & co, également.


Au-delà des postures, le rapport divise la filière et rappelle que le modèle des plateformes de streaming est à la fois récent, mouvant et qu’il pose déjà de sérieuses questions liées à la rémunération des artistes. Certains s’opposent donc à la taxe proposée, par peur de déséquilibrer ce fragile système qui assure aujourd'hui près des 3 quarts des revenus de la musique en France.