Très chers artistes… attention à la flambée des cachets.

21 juin 2023 à 12h30 par Christophe HUBERT

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Crédit : Pexels

Très cher(e)s artistes… attention à la flambée des cachets.


Il est bon, en ce 21 juin Fête de la Musique et donc fête de la pratique en amateur de la musique, de se pencher sur un phénomène qui inquiète franchement clubs et festivals : la flambée continue des cachets des artistes.


Fortement ressentie depuis la sortie du Covid, elle est désormais établie dans différents rapports notamment celui du CNM - Centre national de la musique – qui lui, tire clairement la sirène d’alarme. Tout comme le syndicat des musiques actuelles (SMA), qui regroupe 170 festivals et qui a récemment publié ce chiffre éloquent :



« Les cachets des artistes ont quasiment été multiplié par deux entre 2015 et 2022 ».



Une inflation hors normes qui pourrait passer si les clubs et festivals connaissaient la même croissance de leurs revenus. Or, l’étude sur les données économiques des festivals de musiques actuelles en France en 2022, menée par le CNM, dit l’inverse. Sur la période, les charges des festivals (un panel de 68 évènements) ont bondi de 19%, leurs recettes de seulement 14%. Et on imagine que les festivaliers verraient d’un assez mauvais œil la flambée des prix des places pour compenser.


Pour le moment, ça grogne, mais ça tient. Les nombreux festivals électro que nous avons interrogé observent cette hausse des cachets, parviennent à limiter la casse mais tous le disent : à terme ce n’est pas gérable et beaucoup de festivals pourraient y laisser leur peau. D’autant qu’hormis les cachets, d’autres coûts sont très à la hausse : l’énergie, les frais de structure, la sécurité ou encore la nécessité désormais d’investir dans des scènes plus lourdes en termes de lumières et de sons, etc


La cause de cette flambée des cachets ?


L’appétit des artistes. Il y a quelques jours, le magazine suisse L’illustré, évoquait – pour les festivals locaux - 1 million d’euros pour le rappeur américain Kendrick Lamar, plus de 450.000 euros pour avoir DJ Snake, plus de 250 000 euros pour Big Flo & Oli. Billie Eilish ne se déplacerait pas à moins d’1,5 million d’euros. Des tarifs que le grand public pourrait avoir du mal à comprendre.


L’appétit de leurs représentants, tourneurs en tête. La concentration du marché de l’événementiel, les contrats d’exclusivité que signent certains artistes, donnent aux organisateurs de tournées – Live Nation par exemple – une suprématie telle qu’ils peuvent imposer leurs prix, leurs dates, leurs artistes et donc peuvent faire plier les festivals les plus réticents à payer. Ils sont aidés en cela par l’offre de festivals qui a explosé, partout en Europe, entrainant logiquement une hausse de prix.


Que la loi de l’offre et de la demande influe sur le marché de l’événementiel comme partout ailleurs, on peut le comprendre. Que certains artistes – notamment de la scène électro – soient indépendants et donc qu’ils construisent leurs revenus sur la période riche des festivals, pourquoi pas (d’ailleurs, les concerts/lives représenteraient aujourd’hui entre 35 et 75% du revenu des artistes, selon leur niveau de notoriété)


Mais ce qui ressort souvent de la bouche des organisateurs, programmateurs de fêtes électro, c’est la résignation voire la colère de voir des artistes se désintéresser complètement du sort des clubs, festivals, de cette industrie fragile. Comme s’ils n’avaient pas conscience que cet écosystème est vital pour l’avenir des musiques électroniques.


De l’autre côté, trop de festivals avancent en solo alors que communiquer, se mettre d’accord en amont, permettrait de tenir à distance les tourneurs trop gourmands, qui jouent souvent sur les ambiguïtés des uns et des autres pour se vendre au plus offrant.


L’été 2023 sera encore faste pour les festivals français, très rémunérateur pour les artistes, riche pour le public. Pour combien de temps encore ?