L’esprit Boiler Room en danger ?

Christophe HUBERT

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Crédit : @screen video

L’esprit Boiler Room en danger ?

C’est l’exemple même de la success story appliquée aux musiques électroniques. Depuis sa création en 2010, Boiler Room a su s’imposer comme l’un des rendez-vous majeurs et surtout comme la plateforme la plus influente de la scène électro mondiale. Conçue comme une fête intime, en petit comité réuni autour d’un DJ, Boiler Room a certes vu son aura grandir mais son ADN est resté le même : permettre aux talents émergents de se produire dans un événement réunissant quelques centaines de personnes, in situ, plusieurs millions sur Youtube.

Un tour de force d’autant plus honorable que Boiler Room, malgré ses 4,5 millions d’abonnés, a su garder un côté underground. On se souvient que celle de Fred Again avait fait date et l’avait fait connaitre partout sur la planète, idem pour celle du duo bien établi qu’est Chase & Status.

Un rachat... au profit de l'underground ?

Boiler Room est donc un incubateur de talents, un booster de notoriété, une expérience aussi, pour qui a la chance d’y participer. Il y a vite un côté « j’y fus » - surtout pour les Boiler Room les plus virales – et donc, les clubs du monde entier rêvent de pouvoir en accueillir une édition, même si les organisateurs, 15 ans après les débuts de Boiler Room, préfèreront toujours les endroits atypiques ou à l’inverse, la neutralité d’une warehouse. Car c’est l’artiste, le DJ qui est l’essentiel, centralisé à l’extrême.

Bref, Boiler Room est une référence et son succès mondial ne pouvait qu’attirer les convoitises. Et de fait, quelques années après Dice (plateforme de billetterie), c’est la marque Superstruct Entertainment qui vient de s’offrir Boiler Room ! Montant : inconnu. Mais probablement quelques millions de dollars.

De quoi aider à son développement, de quoi aussi inquiéter sur la suite de l’aventure. Car Boiler Room est également un évènement à la gloire des scènes underground, des sonorités multiples, souvent de celles qui ne percent pas le mur des médias traditionnels. Boiler Room est un point de rencontre unique, on y découvre des artistes et souvent des sons et des scènes absentes des canaux habituels de l’électro.

Boiler Room anticipe les peurs puisque dans un communiqué, la plateforme (et son nouveau propriétaire) a précisé vouloir « conserver son identité » et d’ailleurs, l’équipe historique continuera d’avoir la main sur la direction artistique des événements. Les fans de Boiler Room pourront également se rassurer sur le fait que Superstruct est un géant mondial du festival, il en possède 80 répartis en Europe et en Australie et dont beaucoup sont réputés pour la qualité de leurs programmations et pour leurs partis pris, pour les scènes underground et les artistes émergents – ce que défend l’esprit Boiler Room. Citons notamment Creamfields, Elrow, Sziget Festival, le Sonar ou encore Hideout.

Il est donc très probable que Boiler Room apparaisse dans ces festivals, en ayant une scène dédiée ou en participant à l’élaboration des line up. Autrement dit, une synergie au profit des nouvelles sonorités, des nouvelles scènes et des jeunes talents. C’est tout l’espoir formulé autour du rachat de Boiler Room.

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