Fini la fête jusqu’au bout de la nuit ?
Christophe HUBERT
Fini la fête jusqu’au bout de la nuit ?
Ce n’est désormais plus à prouver mais à désespérer, la club culture est en souffrance. Partout dans le monde, les clubs ferment leurs portes, leur modèle éprouvé par la crise du Covid et par l’inflation ne semble plus aussi attractif qu’autrefois.
Triste constat que vient de confirmer le Financial Times. Le journal économique a mené l’enquête sur le clubbing mondial – se basant notamment sur des données du site Resident Advisor - et s’est finalement concentré sur un aspect de la vie nocturne : la fête jusqu’à l’aube. Comme pour souligner la perte d’intérêts du public pour les clubs, le quotidien britannique révèle en effet que, de New York à Paris, de Melbourne à Manchester, le nombre de fêtes qui se terminent après 3 heures du matin est en très fort recul, depuis 10 ans ! Exit les afters donc.
Et de citer le cas de Berlin et du Watergate qui organisait pour le réveillon du nouvel an, son dernier marathon DJ de 35h. « L'époque où Berlin était envahie par des amateurs de clubbing est révolue », déclare même la direction du club.
La fête oui, mais moins chère, moins tard et moins souvent...
Plusieurs explications à cela, notamment l’explosion de l’offre festive, évènementielle et culturelle qui fait que les clubs ont perdu de leur centralité, de leur caractère incontournable pour découvrir des DJs. Autre raison invoquée par le Financial Times, les habitudes changent, citant en exemple la société Matinee Social Club (rien à voir avec les soirées espagnoles Matinée) qui rencontre un grand succès, à New York, avec ses soirées couche-tôt : la soirée se déroule de 17h à 22h ! A tel point que le concept et l'horaire qui va avec, commencent à faire tâche d'huile. A Paris, on pourrait rapprocher ce succès de ceux des tiers lieux et autres spots qui ont fleuri durant l'été comme le Virage ou le Kilomètre 25 et où la fête ne traine pas forcément jusqu'à 6h du mat'.
En somme, la génération post covid, qui n’a pas forcément eu son parcours initiatique en club « à l’ancienne », souhaite désormais faire la fête plus tôt, moins souvent et surtout… en dépensant moins que la génération précédente qui déjà, montrait des signes d'agacement en passant prendre son verre voire sa bouteille au bar du club. Un cocktail qui devrait filer une sacré gueule de bois pour les clubs du monde entier, et ce alors que le marché des musiques électroniques a bondi de 17% en 2023. C’est donc bien le modèle club culture qui est en difficulté et qui doit se réinventer.