Laurent Garnier raccroche-t-il ses gants de DJ ? (en tout cas il sort un album)

30 mars 2023 à 12h13 par Christophe HUBERT

Laurent Garnier

Crédit : Laurent Garnier

Laurent Garnier raccroche-t-il les gants ? (En tout cas il sort un album !)

Le robinet sans fin des plateformes de streaming musical, l’omniprésence d’un quarteron de DJs stars sur les réseaux sociaux, amènent parfois à considérer que la musique est un produit jetable, sans avenir puisque sans histoire(s). Ou plutôt sans Histoire, avec un grand H.

Heureusement, cette même actualité musicale est jalonnée d’annonces qui rendent aux musiques électroniques la notion de temps long, d’héritage. C’est du moins le sentiment qui nous assaille à la découverte d’un nouvel album que Laurent Garnier sortira le 26 mai prochain.

Un choc électrique en soi puisque le génie français n’avait pas sorti d’album solo depuis 2015 et puisqu’il annonce son album « le plus axé dancefloor à ce jour » !

Laurent Garnier, 30 ans au service de l’électro
La carrière de Laurent Garnier, c’est celle d’un pionnier, d’un défricheur et même d’un pilier du temple électronique. Un parcours de puriste, un artiste intègre et pointilleux, passionné et exigeant. De ses premières expérimentations acid-house, à ses débuts de DJ à l’Haçienda de Manchester, jusqu’aux hits qui forcément titiller vos oreilles : le « Crispy Bacon » ou le toujours si moderne « The Man With The Red Face ». Longtemps assimilé à la techno, Laurent Garnier est aussi un homme de club, de dancefloors n’hésitant plus à jouer une house rebelle et palpitante !

"Le moment est venu pour moi de considérer différemment ma vie de dj itinérant"

Si la sortie annoncée de l’album est une bonne nouvelle, elle s’accompagne d’une beaucoup moins bonne car Laurent Garnier dit vouloir stopper ses activités de DJs (du moins dans leur aspect le plus excessif, en multipliant les sets sur une semaine voire sur un week-end) : « La situation mondiale m’a fait réévaluer ce qui est important et m’a aidé à faire face à certaines vérités : devenir un vieux juke-box poussiéreux n’a jamais été une option et, à l’approche de la soixantaine, le moment est venu pour moi de considérer différemment ma vie de dj itinérant.”

De fait, l’album « 33 tours et puis s’en vont » porte en son titre l’idée d’un départ. Il dit aussi quelque chose de la rupture, d’une cassure que l’écoute de l'album nous confirmera peut-être. Reste qu’il a été conçu durant les confinements – stupeurs mondiales et singulièrement moments de profondes remises en question pour les artistes électroniques privés alors de clubs et d’avenir immédiat.
Mais avant d'angoisser, lisez ce gros bémol de Laurent Garnier : "je resterai un DJ toute ma vie, car être DJ, c’est avant tout un besoin viscéral pour moi de pouvoir partager la musique que j’aime, coûte que coûte, d’une façon ou d’une autre..."

"L’album le plus actuel et le plus dancefloor que j’aie jamais composé"

Pas de négativisme donc, d'autant que laurent Garnier dit avoir conçu « 33 tours et puis s’en vont » comme « un retour aux sources, un hommage à la danse et à la musique Techno, sous toutes ses formes. » ajoutant « je pense que c’est l’album le plus actuel et le plus dancefloor que j’aie jamais composé, sûrement parce qu’il regarde droit devant lui et qu’il est le fruit d’une longue réflexion sur ma carrière, ce que je m'étais bien gardé de faire jusqu'à présent. »

Que sait-on de « 33 Tours Et Puis S’en Vont » ?

Pas grand-chose pour le moment, on sait ce que cet album sera house et techno. Les morceaux les plus clubs, de ‘Liebe Grüße Aus Cucuron’ à ‘Granulator Bordelum’, transpirent les années d’expérience de Laurent Garnier dans les entrepôts, les clubs et les festivals, avec l’expression palpitante d’une musique entre tension et libération.

D’autres titres proposent de naviguer entre les différentes influences du DJ français : de l’inflexion hip-hop avec 22Carbone pour ‘In Your Phase’, un morceau incendiaire qui reste gravé dans la mémoire de celles et ceux qui ont pu vivre les récents dj sets de Garnier, au punk de ‘Saturn Drive Triplex’, où l’on retrouve les voix du regretté Alan Vega, du duo Suicide, qui a eu une grande influence sur lui. Mais aussi des sons downtempo, des expérimentations drum & bass, etc…

Si cet album est le fruit d’une puissante introspection voire remise en question, « 33 Tours Et Puis S’en Vont » n’est pas l’album d’un homme qui part ou qui se prépare à quitter la scène. C’est au contraire l’histoire d’un éternel renouveau. D’une quête de sens qui manque parfois souvent à la scène électronique actuelle. Laurent Garnier donne de la profondeur aux choses et - comme on le disait au début de cet article -, il continue d’écrire l’histoire de l’électro tricolore, avec un grand H.