Streaming : vers une meilleure rémunération des artistes ?
Christophe HUBERT
Streaming : vers une meilleure rémunération des artistes ?
Beaucoup de fantasmes et d’idées reçues autour des plateformes de streaming, Spotify, Apple Music ou encore Deezer. Accusées de mal rémunérer les artistes voire de les spolier, elles sont devenues les moutons noirs de l’industrie musicale. A tort.
A tort car, d’abord, les choses sont bien plus compliquées et les plateformes de streaming agissent souvent de concert (jeu de mots) avec les géants de la musique ! En somme, s’il y a mauvaise répartition des revenus (abonnements et publicité), ce n’est pas forcément la faute que des plateformes. Ensuite, une « captation » des revenus par les maisons de disques, cela peut aussi se faire au profit des jeunes talents émergents et d’investissements qui, à terme, aideront les artistes. Tout ne va pas dans la poche des actionnaires !
Enfin, à tort, parce que certaines plateformes tentent de trouver un système plus vertueux. Ainsi de Deezer – la plateforme tricolore – qui vient de signer un accord avec la Sacem, dans le but d’établir une rémunération « plus équitable » des artistes.
Comment cela marche ?
Aujourd’hui, la norme est le marché ou le « market centric ». On rémunère les artistes qui ont le plus de clics, de streams voire on les valorise. Plus ils sont gros, plus ils gagnent. Et la scène rap avec un gros public très cliqueur engrange fortement... à commencer par votre argent même si vous n’écoutez jamais de rap. Et tout cela peut sembler normal, sauf que dans les faits, c’est au détriment de labels indépendants, d’artistes émergents, de nouveaux talents. A trop rincer les plus gros, on empêche les scènes musicales de se régénérer et à la relève de se consolider (notamment en affaiblissant les petits acteurs, petits labels, etc...).
D’où le test de Deezer de partir sur le « user centric ». Dit autrement, vous rémunérez avec votre abonnement (ou avec la pub), les artistes que vous écoutez réellement. Enfin, en grande partie du moins. Et du coup, les chansons des artistes qui dépassent les 1 000 streams venus de 500 abonnés différents seront davantage rémunérées, aidant ainsi les petits nouveaux. Ils toucheront deux fois plus par stream que ceux qui n’atteignent pas ce seuil, si bien que la très grande majorité des artistes de la Sacem seront mieux lotis.
A voir sur le moyen terme si ce changement d’approche - demandé par de nombreux acteurs musicaux et depuis des années - finira par contenter à la fois les artistes qui ont du succès, et ceux qui émergent et demandent simplement visibilité et coup de pouce. Dit autrement, une forme de solidarité qui n’est pas aussi rare qu'on le pense, dans la filière musicale.